lundi 25 mars 2013

La dévotion


La dévotion peut diversement désigner la piété, l’attachement fervent à la religion ou aux pratiques religieuses ou le culte particulier rendu à un saint. En spiritualité, elle implique plutôt le service d’amour offert à Dieu, soit l’identification à l’Éternel, au Cœur d’infini, à l’Amour infini de la Source divine. On en trouve un bel exemple dans la spiritualité hindoue où la Shakti vénère son Époux, considéré comme son Maître. Mais, pour comprendre, il faut se dégager de la notion sexiste des rôles fonctionnels, tels que l’être humain les conçoit dans sa vision illusoire. La Shakti et son Deva, qui apparaissent simultanément, dans la Conscience cosmique, se savent mutuellement redevables d’amour, parce qu’égaux et complémentaires, mais incomplets en eux-mêmes, considérés uniquement dans leur fonction, ils restent seuls, mais parfaitement compatibles. Ainsi, si l’un devait disparaître, l’autre devrait simultanément disparaître aussi.
  Dans ce contexte, la dévotion consiste à se vouer corps et âme à une cause parce qu’on sait que c’est de son intérêt de le faire. Alors, l’être y met tout son cœur, tout son corps, tous ses biens, toute son âme, tout son esprit, toutes ses énergies, bref, tout son être. L’Absolu, appelé Dieu par commune entente, qui est impassible, n’oblige pas à la dévotion. C’est l’être humain qui se l’impose, dans son libre arbitre, pour entrer dans l’Ordre de la Grâce et de la Béatitude, parce qu’il sait que c’est le seul moyen d’échapper à l’enfermement e à ses limites apparentes. Il cherche à se confirmer les propos de Jésus, quand il a dit : «Préoccupe toi, en premier, du Royaume, et tout le reste te sera donné de surcroît…» En fait, la dévotion envers Dieu permet simplement d’engendrer le lien énergétique qui peut nourrir l’âme et l’amener à fusionner avec lui, pour se découvrir semblable à lui. Elle commence par la centration, en lien avec son Centre intime, sur l’expérience la plus pertinente à vivre dans le moment.
 
La dévotion représente la recherche déterminée de la Conscience cosmique (ou Réalisation). La spiritualité, qui représente une vie accordée de l’Esprit, de l’âme et du corps, permet à l’être humain de manifester dans sa plénitude la Divine conscience cosmique présente tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de lui. Ceci consiste à abattre les barrières entre Dieu et la Nature et établir leur unité essentielle et éternelle. Elle permet de réaliser l’état de Conscience divine, car elle consiste à éveiller la connaissance de l’Absolu en soi en développant une indifférence au monde phénoménal, aux événements extérieurs, aux mondanités, aux jouissances terrestres, sauf pour ce qui concerne sa subsistance, ses besoins fondamentaux, sa santé et son bien-être. Elle s’établit sur la certitude que Dieu est le fondement de l’Univers et qu’il n’est qu’Amour, Lumière et Bonté.
 
Ainsi, l’être incarné qui aspire à se réaliser en une seule vie gagne à s’efforcer de percevoir la Présence divine dans chaque particule, à chaque instant, à reconnaître que seul un esprit pur et désintéressé peut l’accueillir, d’où il remplit son mental de pensées amoureuses, pures, sacrées, divines. La dévotion représente un état intérieur de simplicité, de transparence, d’humilité et de confiance enfantine qui implique tout son être, mis au service de la glorification divine, pour éviter de se tenter de se concentrer sur l’Absolu à partir d’un mental fragmenté, car, pour parvenir à la Libération, le mental doit être dirigé exclusivement vers le Créateur, la Voie droite, directe et aisée du Salut. Ainsi, la dévotion implique l’amour de soi, l’amour de toute créature en tant que manifestation de Dieu et l’amour de Dieu.
Selon le niveau de conscience du sujet auquel elle s’adresse, la dévotion sincère lie à l’énergie spirituelle, voire à l’Énergie divine elle-même, permettant, par assomption, d’établir avec elle une alliance afin d’engendre ultimement une fusion subtile. Elle implique le respect et la vénération pour Dieu ou pour ce qui est supérieur à soi. Elle évoque son propre idéalisme et fait aspirer à ressembler à celui qui est honoré.
La plus grande démonstration de dévotion consiste à accomplir son devoir d’état ou à réaliser son plan de vie dans le service amoureux de Dieu, de sa planète d’accueil et de ses semblables. Elle implique qu’un sujet révère et savoure constamment la Perfection suprême de Dieu. La véritable dévotion élève au-delà des dogmes religieux, des croyances personnelles, des règles d’action et des buts individuels. Elle amène en quelque sorte à entrer en possession de son Essence, la Source de toute félicité, élevant dans l’omniscience, l’omniagence, l’omnipotence, l’omniprésence et la perfection de la Totalité. Peu à peu, un sujet apprend à aimer Dieu parfaitement, de façon toute naturelle, sans pudibonderie, se découvrant son bien-aimé, y trouvant toute sa félicité.
 
Hélas, pour la majorité des pratiquants, la dévotion consiste en une marque infantile d’asservissement à une force qui leur est extérieure ou en l’aveu d’une dépendance aveugle qui empêche l’âme d’exprimer sa maturité. Elle donne alors une image déformée du Divin à laquelle l’être qui manque de maturité s’accroche désespérément. La vraie dévotion consiste en une fusion du corps et de l’âme. Elle doit éviter de s’afficher de façon ostensible, tel un étendard de spiritualité, pour mieux attirer l’attention céleste ou les regards d’autrui ou de s’exprimer tel un marchandage incessant que la conscience humaine mène avec la Divinité. Une telle forme de dévotion constitue la signature, si commune et étouffante, de la fausse humilité, mère des simagrées, subtile prétention de ces bien-pensants qui affichent leur connaissance présumée de l’attitude juste.La vraie dévotion amène à consacrer toutes ses énergies à se
réaliser dans le silence et le secret. S’élevant au-delà de la spéculation mentale, la dévotion naît de la spontanéité du cœur, avec conventions et rituels ou sans conventions ni rituels, se fichant de l’opinion des autres. Elle résulte d’une harmonisation progressive, mais naturelle et évidente, de l’âme individuelle avec l’âme d’un lieu ou d’un être supérieur. Fruit de l’amour pur et total, elle se manifeste sans réflexion ni étalage, portant l’être au summum de ses possibilités. Elle n’est ni infantile, ni calculatrice, ni malicieuse, puisqu’elle jaillit de l’humilité, cette vertu qui amène à se voir dans sa vérité, avec ses grandeurs et ses faiblesses apparentes. Elle jaillit sans entrave de la liberté personnelle, n’impliquant jamais la soumission ou l’annihilation de la conscience individuelle au profit d’une réalité qui la dépasse. Mais elle fournit une clé pour redresser et remémorer son droit légitime d’entrer en possession de son héritage plénier de biens et bienfaits et d’accéder au Royaume de Dieu. Elle aide à marcher seul et fier, même parmi les autres, pour fusionner avec la Véritable Splendeur de l’Absolu.
 
Le meilleur moyen d’exprimer sa dévotion envers l’Absolu, c’est de se laisser pénétrer et transformer par son Essence, qui est Amour pur, Source de Vie. Seul l’Amour vrai amène à vibrer à un rythme plus élevé, la condition unique pour accéder aux royaumes supérieurs. En nos temps, il n’est plus nécessaire d’étudier, de se soumettre à divers rituels, d’appliquer la moindre technique, pour s’accomplir dans l’Absolu, il n’est plus d’autre besoin que de vibrer cette Énergie primordiale à plein cintre, dans le silence et le secret, pleinement centré sur le moment présent. La dévotion revient à vivre la vraie vie, c’est-à-dire à s’impliquer dans ce qui est à vivre à chaque instant de la meilleure manière qu’un être le peut, assuré qu’il y trouvera matière à augmenter sa sagesse et à mieux approcher sa Réalité d’Être. Ainsi, il n’y a rien de compliqué, de sévère, de compassé ni d’exigent dans la dévotion, il n’y a que la pertinence et la cohérence du vécu quotidien dans l’Amour pur et la joie sereine.
 
© 2013 Bertrand Duhaime (Douraganandâ) Note : Autorisation de reproduire ce document uniquement dans son intégralité –donc sans aucune suppression, modification, transformation ou annotation, à part la correction justifiée d’éventuelles fautes d’accord ou d’orthographe et de coquilles– veillant à en donner l’auteur, Bertrand Duhaime (Douraganandâ), la source, www.facebook.com/bertrand.duhaime, ou le site www.lavoie-voixdessages.com, et d’y joindre la présente directive, en tête ou en pied de texte.

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