Et pourtant, ne dit-on pas de quelqu’un de spirituel, qu’il est franchement drôle ?
Il
y a quelques années, lorsque j’ai commencé à marcher dans les pas de
certains « éveillés », je me rappelle avoir passé des moments joyeux, de
crises de fous rires à n’en plus finir, mélangés à des instants de
recueillements et d’autres de partages gourmands à la fin de nos «
réunions ».
Je
me souviens que nous étions enthousiasmés de nous regarder en train de
changer notre fusil d’épaule, et même d’y mettre une fleur au bout de
son canon. Ce n’était plus l’époque du « Peace and love », mais une
nouvelle tournure qui mettait le cœur en joie, frôlant l’explosion
tellement tout devenait léger, subtile, agréable, rassurant, beau.
A
l’issue de ces occasions, nous partagions des douceurs, et c’était un
peu le point d’orgue de ces retrouvailles ponctuelles : profiter de la
vie, la célébrer, unir le terrestre au céleste, pour notre plus grande
joie.
Aujourd’hui,
je me promène sur la toile, je rencontre de temps à autres des
personnes « sur le chemin », comme elles disent, mais elles restent sur
ce chemin, hélas. Il est clair que ma propre redécouverte peut paraître
une initiation à elle seule, et tous les bouleversements intérieurs qui
ont suivi, un vrai challenge. Mais est-ce cela qui est le plus important
?
Pour autant, que nous continuions à cheminer seul ou en suivant des plus «éveillés », nous oublions le principal : soi !
Que
devrait m’offrir cet élan spirituel, si ce n’est m’aider à me regarder
différemment, à m’aimer bien plus que je ne le fais, à me trouver
merveilleuse, à sublimer l’être que je suis ?
Et là, j’entends : mon dieu, quel égo !
Mon
ego est mon assurance vie gratuite. C’est lui qui m’aide à me soutenir,
à me faire passer au dessus des imperfections de mon expérience, à
surmonter l’impensable, à accueillir l’inévitable, à aimer
l’insoutenable. Sans la force qu’il me donne, je serai déjà ensevelie
dans une vie désagréable, imparfaite, matérielle et lourde, ignoble
parfois.
Mais
la puissance qui est en moi, ce cher alter ego qui me suit pas à pas,
m’informe encore et toujours de mes propres illusions, de mes attentes
inutiles, mais aussi du soleil qui continue à briller au dessus de mon
être.
C’est alors que je me remercie d’être égoïste, égotique, et que je peux enfin retrouver mon allégresse et ma joie d’être.
Ainsi,
je suis fière de moi, d’avoir choisi, un jour, de me réveiller à autre
chose. Cette autre chose qui mêle une pseudo réalité à mon quotidien
déformé. Celle qui m’a permise de m’élever au dessus du sol, pour
contempler la Vie et la voir s’amuser de mon amnésie passagère.
Pourquoi
donc, serais-je morose ? La vie est une farce que l’on peut trouver
plus ou moins agréable, selon l’angle de notre perception. Si je
m’immerge totalement et complètement en elle, je vois bien que je n’ai
pas de fortune et que je suis tributaire des autres pour vivre
décemment. Je vois bien que mes moments de franches rigolades sont très
rares et que je me donne l’impression de subir plutôt que de vivre
réellement cette expérience. Si j’y réfléchis encore, tout ceci
s’estompe tout doucement, en me retournant et en regardant mon univers
proche sous un autre angle.
C’est
un fait : je suis venue faire une expérience particulière sur cette
belle planète, mais personne ne m’a demandé quoi que ce soit, ni de me
plier à certaines règles, tout au moins dans ma vie d’adulte réveillée.
Les seules que je m’impose sont la résultante de mon état d’être et
surtout de mon environnement. Et c’est ça qui réjouit ma vie, me faisant
oublier les divers « couacs » qui s’y trouvent aussi.
Voilà
que ma minette adoptive est venue se coucher de tout son long sur moi,
lorsque j’ai commencé à m’écrire. Elle vient chercher des câlins et des
genoux accueillants pour m’offrir la douceur de ses câlins. Sur le
rebord de la fenêtre de mon bureau, des dizaines de mésanges, moineaux,
verdiers, bouvreuils et autres viennent picorer les graines de
tournesol, avec frénésie : il ne fait pas plus de zéro degré. Mais ils
savent où se trouve leur resto du cœur. Quelle merveille…
Voilà
mon univers de l’instant, et comme il est magnifique !!!!!!!!!!!
Quelques centaines de flocons s’amusent à jouer avec la tramontane, et
c’est merveilleux puisque je suis au chaud.
Même
s’il n’en parait rien, je pourrai dire que je suis méditative, sans
posture spéciale, sans m’infliger un temps prévu pour cela. Je pourrai
presque ajouter que ce moment est extatique tant il est simple, tant il
est unique car, je le sais bien, il ne reviendra jamais à l’identique
dans mon aventure.
Pour
toutes ces choses simples et douces, je me remercie. Je dis merci à ces
ainés qui sont passés dans ma vie et qui m’ont appris combien il était
bon de rire aux éclats ou de sourire à la vie, tout simplement.
Celle-ci
me contemple et joue à travers moi, à travers vous, au travers de tous
les êtres, quelles que soient leurs formes ou leurs identités. Elle
joue. C’est cela la Beauté que nous sommes, l’immensité dont nous
faisons l’expérience, tout en pensant que nous sommes petits,
insignifiants et surtout impuissants.
Ainsi,
sans remercier qui ou quoi ce soit, sinon nous-mêmes, sourions à cette
facétie qui nous rend uniques et merveilleusement beaux. Rions de cette
farce stupide ou géniale qui nous regarde nous affairer à être
différents de ce que nous sommes, ou nous en repentir.
Enfin,
je vous redis mon adage personnel : « à chaque jour suffit sa joie ! »
Faites en bel usage, puis, rappelez-vous, autant de fois que cela sera
nécessaire : « Tout est illusion, même moi ! »
© 2013, Les Chroniques d'Arcturius.
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